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Vivre le Katsugen Undo. Lâcher-prise!
1 avril 2015

Déconstruction totale de "la pratique du mouvement régénérateur" et du "noguchisme"

   Au départ le texte qui suit était censé être une critique du livre "Le corps accordé" d'Andréine Bel -grande prêtresse de "la pratique du mouvement régénérateur. Finalement il est un détricotage presque complet du "noguchisme". La lecture (partielle) de ce livre m'a permis de mettre le doigt sur des mécanismes et des non-dits qui ne m'étaient jamais apparus jusqu'alors.

   Et comme je le dis plus loin: plus je déconstruis « la pratique du mouvement régénérateur » et le discours qui l’enrobe, plus se révèle le construit  du « noguchisme ». Plus je débusque les partis-pris  et démasque les croyances infondées sur lesquels reposent « la pratique du mouvement régénérateur », plus se révèlent les constructions fausses sur lesquelles s’assoient les organisations et les personnes qui la répandent ; plus apparaît clairement dans tout son éclat la tromperie qu’est « le noguchisme » quand il se donne des airs de « sans connaissance, sans technique et sans but »... En définitive, à mes yeux qui louchent, le noguchisme est un mouvement religieux qui ne s'assume pas en tant que tel. Et s’il est tout à fait louable que chacun revendique le droit de pratiquer sa foi comme il l’entend, en revanche il serait peut-être temps que les noguchistes arrêtent d’essayer de faire passer des vessies pour des lanternes. Faut pas pousser mémé dans les orties !

   Texte long et exigent, accrochez-vous, c'est parti !

 

  Bel Andréine, je vais vous parler exactement comme si vous étiez une partie de moi-même. J’irai donc droit au but. Sans chichi. Je commencerai par quelques uppercuts pédagogiques et finirai par les louanges. Histoire de clore en beauté.

  A la traque !

   « Le corps accordé », à la bonne heure ! Mais, à propos du « katsugen undo », question langage, quel bazar ! C’est « la  parole désaccordée » !

   Dans vos ateliers d'auto-apprentissage coopératif vous dites –citant Roustang- que vous vous exercez à « une parole adéquate, adhérente, adhésive, qui ne laisse aucun interstice entre ce qui est senti et ce qui est dit, une parole qui parcourt, qui épouse la continuité de ce qui advient, qui explore et qui visite, bref une parole qui touche au sens littéral du mot ». La traque de la parole adéquate est aussi un de mes dadas. Et, bien que je n’excelle pas en cet art, j'aimerais s’il vous plaît jouer avec vous à ce petit jeu en vous posant cette simple question: quand vous vivez l'expérience désignée sous les termes « mouvement régénérateur » ou « katsugen undo », est-ce que -à proprement parlé- vous « pratiquez » quoi que ce soit ? La réponse « adéquate, adhérente, adhésive », juste et fidèle à l'expérience vécue ne manquera pas de s'imposer à vous si vous avez le courage de l'accueillir… Personne ne pratique quoi que ce soit pendant cette expérience. Ça se fait tout seul de la manière la plus automatique qui soit.

   En effet l'expression brute de « la dynamique spontanée du corps » que recouvrent les mots « mouvement régénérateur » n'est nullement une pratique. Une « pratique » sous-tend un usage quelconque du corps ; et le mouvement régénérateur s’exprime exactement lorsque cesse tout usage, donc toute pratique du corps. A strictement parlé –si on « touche au sens littéral du mot »- le katsugen undo est impraticable… Et c'est une bonne nouvelle pour vous comme pour moi. C'est ce que je vais m'appliquer à vous prouver ici.

  Car si vous acceptez la pleine mesure de ce simple constat -qu’aucun être humain ne peut censément revendiquer « pratiquer » sa propre spontanéité physiologique- alors vous abandonnerez aussitôt comme on jette un outil faussé et inutile l'expression verbale injuste et inadéquate « la pratique du mouvement régénérateur ». Expression inadéquate propagée ici et là par les noguchistes pratiquants qui ne démontrent par ce geste prosélyte que leur adhésion aveugle à la sottise répétée de ceux qui l'ont introduite. Expression à laquelle on ne peut adhérer si on épouse ce qui se passe en nous… Se dépouiller de ce qui ne nous convient plus, se débarrasser du faux, muer vers le plus approprié, n’est-ce-pas une bonne nouvelle ? « La voie du dépouillement », ça vous dit quelque chose ?.. 

L’histoire du chat qui court après sa queue

   Vous rendez-vous compte que vous luttez dans ce livre contre les quiproquos découlant en partie des mots que vous employez ?

   Quand vous réduisez le katsugen undo à une « pratique » vous en fait l’égal potentiel des innombrables pratiques de santé, méthodes de bien-être, et autres disciplines spirituelles ou de développement personnel. Et une fois effectuée cette assimilation contre-nature d’un phénomène biologique à une vulgaire pratique, quoi de plus naturel que cela attise les comparaisons absurdes ? Que les pratiques qui s’y comparent soient comme vous dites « New Age »  ou pas, quelle fassent « comme le cri-primal, la bio-énergie, le rebirth, etc. (…) penser de loin au mouvement régénérateur » ou non, cela ne change rien à l’affaire. Si l’expression de notre spontanéité est une pratique, elle n’est jamais qu’une pratique ; c’est-à-dire une parmi tant d’autres ; et de là à dire que c’est une pratique « comme les autres », vousconviendrez qu’il n’y a qu’un pas très aisément franchissable… 

   Vous aurez beau vous égosiller à répéter sans cesse votre magnifique maxime « sans connaissance, sans technique et sans but » pour essayer de rétablir la barre, cela ne changera rien à l’histoire. Le « mal » est fait j'ai envie de dire… Et rajoutez ensuite que c’est en fait une pratique qui ne se pratique pas vraiment, un entraînement sans entraîneur, ou une gymnastique qui est l’inverse d’une gymnastique volontaire, comme le suggèrent les expressions « pratique du non-faire » et « entraînement » ou « gymnastique de l’involontaire », revient à étaler de la confusion sur une tartine de merde. C'est du pareil au même : on parle encore et toujours de pratique, d'entraînement ou de gymnastique

   Que croyez-vous qu'il se passe dans la caboche de vos interlocuteurs bien-aimés ? C'est comme si je vous disais « maintenant, ne pensez pas à Tsuda », c'est juste couillon comme suggestion. Si vous voulez libérer le mouvement régénérateur des images d'Épinal dans lesquelles vous le faites barboter, il vous faut commencer par abandonner l'usage de ces termes inappropriés. Pourquoi renoncez-vous à la parole « adéquate, adhérente, adhésive » -qui vous est si chère paraît-il- quand vous abordez le mouvement régénérateur ?

Une histoire de brindille et de poutre dans la réitne

   Pourquoi s’inquiéter des dérives d’autrui si vous ne corrigez pas dans votre comportement et votre langage ce qui précisément les nourrit?

  Abaissez cette faculté naturelle du corps qu’est le mouvement régénérateur à une pratique, n’est-ce pas en faire  logiquement le monopole de ses soi-disant pratiquants ? Car dès lors qu'il y a des « pratiquants » pour quelque chose, il y a en contrepartie les « non-pratiquants » de cette  même chose, non ? Voici alors l'humanité divisée en deux catégories: ceux qui ont l'usage du « mouvement régénérateur » et les autres. Les pratiquants versus les non-pratiquants…

   Et comme le mouvement régénérateur est trompeusement devenu par cette séparation artificielle et trompeuse la propriété exclusive de quelques-uns, ces derniers peuvent désormais -en toute bonne conscience- se féliciter de « transmettre », « propager » et « démocratiser » (voire « introduire » ici ou là pour les meilleurs !!) ce « patrimoine de l'humanité ». « Patrimoine » dont ils sont les seuls à revendiquer la paternité (via « l’héritage » de Noguchi et Tsuda)! C'est le comble, non ?! La valse des abus de langage ! Prétendre « restituer » ce qu'on ne fait que confisquer!! J (Soit dit en se pacsant c’est exactement le même mécanisme que celui utilisé par les multinationales « trafiquantes » d’eau de source et de semences. Qui s’accaparent d’abord les ressource naturelles pour nous les refourguer ensuite benoîtement, aux motifs de « nourrir la planète » et de notre « santé » - cette dernière qui ne les intéresse guère que tant qu’elle leur rapporte quelque chose. (voir « La complaisance dans l’insatisfaction »)) A qui qu’on ditmerci !!

   J'entends d'ici votre indignation à la lecture de mes assertions : « Mais non, c'est n'importe quoi ! Vous n'avez rien compris ! Vous déformez tout ! Vous dénaturez l'enseignement de machin-bidule, et cetera. »  J'ai l'habitude. Sachez seulement que je ne doute pas un instant de votre bonne volonté et de vos bonnes intentions, soyez-en assurée, j’ai les mêmes… Cependant je ne parle pas de vos intentions ; je parle de ce que vous faites (que vous vouliez le voir ou non), de ce qui se passe : de ce que vous induisez concrètement par vos paroles et vos actes.

L’impraticabilité du katsugen undo ?Particularisme versus universalisme

   Précisément, c’est dans la plus absolue impraticabilité du mouvement régénérateur que réside son originalité et son universalité. Faire du katsugen undo une pratique, c’est lui retirer son originalité, et anéantir du même coup son universalisme...

   Une pratique, quelle qu’elle soit, est toujours une pratique culturelle. N’importe quelle « pratique » est inévitablement connotée culturellement. Tout usage du corps est influencé par la culture dans laquelle il est né ; et dans laquelle il baignera inévitablement pendant son développement. Pour le cas qui nous intéresse, l’hypothétique « pratique du katsugen undo », c’estla culture japonaise de Tsuda et Noguchi qui a donné forme et consistance à cette approche de la sagesse innée du corps (je souligne parce qu’ « une approche » s’approche mais ne touche ni ne saisit jamais…).

   Maintenant voyez à quel point la non moins hypothétique « pratique du mouvement régénérateur » est, encore aujourd’hui, en France, irrémédiablement japonaise. Est-ce que cela se justifie ? La question n’est pas de savoir s’il faut encore plus franciser cette pratique ou non, ni de préconiser je ne sais quelle « déjaponisation », non.  Mais plutôt d’interroger le pourquoi de cette étrange tradition apparemment inamovible qui consiste à toujours s’intéresser au phénomène physiologique désigné par « mouvement régénérateur » sous l’angle si particulier du « Noguchi seïtaï» véhiculé en son temps par l’indécrottable Tsuda. 

   Rien ne justifie cela. Il n’y a strictement aucun lien de cause à effet entre le seïtaï et l’expérience universelle (qui consiste à accepter de laisser le corps fonctionner en pilotage automatique) désignée par le mot katsugen undo. Ce que propose le seïtaï c’est une façon de parler et d’approcher ce phénomène biologique, pas le phénomène lui-même.    Et de la même manière qu’il n’y a aucun lien entre le seïtaï et l’expérience universelle recouvert par le mot japonais « katsugen undo », il n’y a aucun lien entre Itsuo Tsuda et cette même expérience universelle désignée en français par les termes « mouvement régénérateur ». Une expérience universelle (naturelle, physiologique, spontanée, biologique, innée, automatique, etc.) est tout à la fois française et japonaise, et ni française ni japonaise... Ce que je veux dire c’est qu’on se contrefout de la coloration culturelle apportée immanquablement à un phénomène naturel. Quand on fait passer de l’eau de source par un tuyau pour l’acheminer jusque chez nous, qu’est-ce qui est le plus important, qu’est-ce qui nous hydrate et nous fait vivre, le tuyau ou la flotte ? La culture n’est jamais qu’un biais, un média, un intermédiaire, un vecteur, un moyen… Un « truc » passager et dérisoirement démodable. Un outil, un instrument, un vulgaire ustensile, rien de plus.

   Autrement dit, et jusqu’à preuve du contraire, rien ni personne ne nous oblige à faire yuki, ni à pratiquer l’Aïkido ou le seïtaï, si nous jouissons spontanément d’une faculté dont la Nature nous a doté. Et nous ne sommes pas non plus obligés de nous agenouiller et de saluer  en signe de je ne sais quelle gratitude la photo de Tsuda avant et après avoir lâché les commandes du corps. Bien sûrTsuda n’y est pour rien dans les retombées dites « régénératrices » de ce phénomène naturel ; même les noguchistes ne s’abaissent pas à divulguer ce genre de calembredaines. Mais en revanche certains que cet oubli arrange, omettent systématiquement d’insister sur le fait que Tsuda n’y est pour rien du tout, absolument rien du tout dans la survenue de ce phénomène. Il faut voir de quelle idolâtrie béatifiante est victime feu ce pauvre japonais… Lui, il a apporté et transmis un folklore autour de  ce phénomène, pas le phénomène lui-même –il n’a jamais « introduit » ni « propager » le phénomène biologique nommé « mouvement régénérateur » où que ce soit ; je le repéte ! Il fut assurément un fameux passeur et un agent facilitateur « hors pair » comme vous dites ; je ne le nie pas. Mais quoi qu’il fut à vos yeux comme tant d’autres éblouis, il ne fut rien d’autre qu’une sorte de tuyau… désormais « hors d’usage » à mes yeux non éblouis.

   Et le taux anormalement élevé d’aïkidokas et de « yukikas »( ?) chez les autoproclamés « pratiquants du mouvement régénérateur » ne relève pas d’un destin naturel et fatal. Mais d’un amalgame organisé entre ces soi-disant « pratiques du non-faire » (note 1, plus bas). Pratiques qui n’ont d’autre point commun que Tsuda -qui le premier les a rassemblées de manière arbitraire. La fascination qu’il a exercé sur ses contemporains, et qu’il continue d’exercer via ses écrits et ses adorateurs de nos jours, a fait le reste…

   Je dis « rassemblées de manière arbitraire » à dessein : je ne vois aucune raison rationnellement soutenable de réserver à certaines pratiques sous-couvert de « non-faire » le privilège de s’amalgamer telles des sœurs siamoises au mouvement régénérateur, alors là même qu’on refuse aux autres ne serait-ce que le droit de s’y comparer. C’est absurde et infondé. Tant de pratiques culturelles peuvent de bon droit revendiquer appartenir aux « pratiques du non-faire ». Moi-même qui écris ces lignes, je pourrais sans problème si je le voulais vous prouver avec un peu de bagout que j’exerce en ce moment précis la pratique de l’écriture dans l’esprit authentique du non-faire… Le « non-agir » est partout pour peu qu’on le cherche (où diable pourrait-il ne pas être ?! (voir 2))… Mais je ne le fais car je ne trouve pas honnête de jouer à ce jeu délétère. Du point du vue intellectuel ce n’est rien d’autre que de la branlette ; et d’un point de vue pédagogique, c’est remarquablement contre-productif…

   Dès lors que je pratique quelque chose il y a un usage du corps ; dès lors que je fais usage de mon corps il y a une pratique. Et le katsugen undo est à proprement parlé ce qui se passe lorsque je n’utilise d’aucune façon « mon » corps ; à ce moment il n’y a littéralement plus personne pour pratiquer quoi que ce soit. « Je » ne fais rien. Aucune pratique. Aucun usage du corps. C’est très simple. Simpliste même. Mais cela évite toutes les confusions. 

   Contrairement à ce que vous dites, le problème ce ne sont pas la simulation et les pratiques qui s’amalgament ou se comparent indument au katsugen undo ; c’est d’avoir rangé le katsugen undo dans la case « pratique ». Ne pas reconnaître, souligner et insister implacablement sur l’impraticabilité du katsugen undo, c’est s’exposer inexorablement à ce genre d’imbroglios. Il est si facile pourtant de couper court à toutes ces tentatives de récupération. Mais pour ce faire il faut être disposé à ne pas vouloir profiter soi-même de l’aura de l’universel katsugen undo pour refourguer tous ses petits trucs et astuces de bien-être et autres passe-temps d’origine culturelle qui nous sont si chères… C’est-à-dire qu’il faut être prêt à faire des distinctions claires, nettes et précises au sein même de notre propre existence. Séparer le bon grain de l’ivraie en soi, pour ne pas répandre sa propre confusion autour de soi. Comportement adéquat que vous ne semblez pas prête à adopter.

   Et la moindre des choses si on accepte les amalgames en soi-même et/ou qu’on véhicule ceux transmis par Tsuda et consorts, c’est de tolérer ceux des autres, non ? Sinon, quelle instance suprême, quelle autorité indiscutable est à même de délivrer des passe-droits ? Présentez-la-moi s’il vous plaît, je me ferai un plaisir de la démolir à grands coups de rigolades dans le fondement !.. S’il vous plaît d’utiliser et d’honorer les folklores de Tsuda comme de Noguchi, de les transmettre, de les améliorer, de les arranger à votre sauce, de faire leur publicité ou que sais-je encore, cela me va parfaitement. S’il vous plaît de vénérer des figures emblématiques comme d’autres adorent des incarnations semi-divines, faites-le gaiement, ça ne me dérange aucunement. Ce qui me révulse en revanche et m’inspire ces lignes écrites au vitriol, c’est cette manière insidieuse que vous avez d’essayer de faire passer vos propres amalgames pour naturels, pour allant de soi, alors que vous rejetez fermement ceux des autres. Vous ne voulez pas voir que vos propres amalgames auxquels vous donnez cours travestissent une simple et remarquable manifestation physiologique de l’intelligence spontanée du corps en une minuscule « pratique d’origine japonaise » soi-disant « sans connaissance, sans technique et sans but ».

   Regardez en face s’il vous plaît le misérable particularisme dans lequel vous faite clapoter sans fin « le mouvement régénérateur »  auquel vous prétendez faire honneur ; alors que vous lui faites horreur.

(1)       Je ne dis pas que cet amalgame est néfaste ; chacun fait les amalgames qui lui plaisent et est libre de les juger « néfastes » ou « bénéfiques » selon ses propres critères. Ce que je dis, c’est qu’il est fondamentalement « malhonnête » de ne pas assumer que cet amalgame n’a rien –absolument rien- de « naturel ». Cet amalgame est construit de toutes pièces. Prétendre le contraire est un aveuglement organisé.

    A l’instar de Noguchi qui affirme sans rougir que « la thérapie que nous dispensons est quelque chose de spontané, comme de respirer. », qu’il exerce à la manière des organes internes qui fonctionnent « ni par égard pour autrui, ni par égard pour le monde. » -autrement dit de la manière la plus « naturelle » qui soit… Ne pas voir ses propres biais, ne pas les admettre, les justifier aveuglément par des théories séduisantes mais sans fondement, ce n’est rien de moins que de l’auto-aveuglement forcené et organisé.

   C’est la force dans l’auto-aveuglement -la négation de nos amalgames, l’insistance à ne pas voir nos travers, ainsi que notre propension à les répandre- que je dénonce. Je ne condamne pas l’aveuglement en lui-même, qui est notre lot à tous, force est de l’admettre…

   

(2)    Madame Bel, s’il vous plaît parlez-moi d’un seul instant duquel « l’involontaire » soit absent… Si on y réfléchit deux secondes, même ce que nous appelons « la volonté » est apparue involontairement ; jusqu’à preuve du contraire personne n’a décidé de son propre chef, soudain, de sortir de sa condition de nouveau-né et d’exercer désormais librement et délibérément « sa volonté » ou son non moins mythique « libre-arbitre »...  On arrive ainsi à ce résultat cocasse :le volontaire est indubitablement d’origine involontaire : par nature, le volontaire est involontaire. Aïe… Voilà à quel paradoxe nous pousse votre pensée binaire « involontaire versus volontaire ». Alors que penser de l’embrouillamini inextricable que vous nous proposez en introduisant en sus le concept de « semi-volontaire » à propos du mouvement régénérateur (et je ne parle même pas des migraines occasionnées par ceux qui essaient de vraiment savoir ce que peut bien être ou ne pas être le vénéré « système moteur extrapyramidal » -concept consacré par Noguchi, dont les noguchistes nous rabâchent les oreilles comme des perroquets depuis, sans même comprendre de quoi ils parlent !). Pourquoi, histoire d’éclaircir toujours un peu plus l’esprit de votre prochain, ne pas inventer une machine qui mesurerait le taux de pourcentage d’involonté semi-volontaire de notre volonté semi-involontaire dans chacun de nos faits et gestes pendant que vous y êtes ?! J    

Où l’on découvre que le seïtaï est plus vaste que l’univers…

   Lorsque vous affirmez que le « mouvement régénérateur » et un simple « aspect du seïtaï », savez-vous ce que vous dites, ce que vous laissez à entendre ? Et surtout de « quoi » parlez-vous ?!

  Pourquoi ne pas faire la simple politesse à vos lecteurs de clarifier votre propos en précisant au préalable le sens, l’usage et l’acceptation des mots que vous employez ?... Je vous cite : « Partie essentielle du seïtaï, le katsugen undo a lui aussi une longue histoire dont nous pouvons identifier les prémices.” Après la lecture de cette phrase si, souhaitant vous comprendre, le lecteur se réfère soit au sens littéral de katsugen undo donné par Tsuda (« mouvement de la force à l’origine de la vie »), soit au votre qui se trouve dans votre glossaire censé m’éclaircir l’esprit (« mouvement qui régénère à la source »), qu’obtient-il si ce n’est du charabia?

   Vous ne présumez tout de même pas qu’on puisse tracer l’historique de « la force à l’origine de la vie » ? Ni que la source originelle qui régénère soit d’origine culturelle humaine, ça ne tient pas?! Vous admettrez volontiers j’espère, que si on peut attribuer une origine spatio-temporelle à l'expression verbale « katsugen undo », en revanche on ne peut attribuer aucun commencement -nulle part- à l'expression de la Spontanéosophie (la sagesse de la spontanéité) que recouvrent cette expression verbale.

   Mais de quoi parlez-vous alors ? Si le katsugen undo n’est qu’ « un aspect » ou « une partie » du seïtaï, c’est donc que ce dernier est de plus large envergure que l’incommensurable infinité (à 0,072 cm2 près très certainement) du « mouvement de la force à l’origine de la vie ». Aïe, Aïe, Aïe… Bienvenue dans la cosmogénèse loufoque du noguchisme !

Haruchika Noguchi, un homme plus vieux que le cosmos !

  Et que faites-vous donc quand vous pistez le destin d’un homme emblématique (Haruchika Noguchi) et ses influences pour remonter la soi-disant «histoire » du katsugen undo ? Pourquoi, si ce dernier est selon vos définitions chéries le mouvement de la source originelle de la vie, ne pas courir plutôt après le non moins emblématique Big-Bang pour lui délivrer une carte d’identité tant que vous y êtes ?!! J…

   Voyez dans quelles impasses ridicules à l’extrême vous vous fourrez à cause de votre imprécision crasse manifeste. Encore une fois il vous manque la clarté et la rigueur nécessaires pour ne pas favoriser toutes sortes d'amalgames et de malentendus liés en partie à votre langage brouillon et à vos manques cruels de définitions. Voyez dans quelle confusion amusante vous jetez le lecteur amoureux « d’une parole qui touche au sens littéral du mot ». Cependant cette confusion est vôtre. Et si je vous tends ici un miroir qui ne gomme pas tout à fait vos déformations, c’est pour éveiller un plus « l’esprit critique » dont vous semblez savoir faire preuve parfois.

   Mesurez tout de même que par vos paroles impensées et insensées vous en arrivez à accuser l’intelligence spontanée du corps -du Vivant- de « naissance »… J En sa faveur je plaide non-coupable ; et en votre défaveur je vous condamne à réveiller votre lucidité pour le moins engourdie…

Mais que ne dit pas le terme « katsugen undo » ?   

  Ne pouvant pas censément escompter sur ce réveil par trop hypothétique de votre part, essayons de définir à votre place ce que vous entendez parfois sans le dire par katsugen undo ou mouvement régénérateur. Manifestement ces expressions désignent plusieurs choses et non une seule. Que dissimulez-vous donc sous ces motsque vous ne révélez guère ?

   Si en un certain sens le katsugen undo a une histoire, c'est que ce qui est désigné sous ces termes à un début, et donc une fin potentielle. Se dessine alors une acceptation non-littérale de ces termes. Acceptation qui désigne par conséquent quelque chose de mortelle ou de périssable -contrairement au sens littéral. Et si Noguchi ou un autre (en l’occurrence Matsumoto) peut être perçu comme étant l’instigateur de cette « chose » qui lui survit, alors ce ne peut-être que d’un mouvement culturel donné qu’on parle. Autrement dit un bagage culturel qui se transmet de génération (dégénérée ?) en génération (dégénérée ?) par transmission de connaissances et de savoir-faire. Subséquemment, en un certain sens, « katsugen undo »  est donc bien « une pratique ». Une pratique « réellement » comme les autres, c’est-à-dire « avec connaissance, avec technique et avec but ». Une pratique ordinaire qui, comme toutes les pratiques d'origine culturelle déterminée en un temps donné, a des inventeurs, des pionniers plus ou moins visionnaires, des théoriciens, des experts, des pratiquants, et cetera. Tout s’explique. Ouf…

  Nous arrivons donc à cette conclusion ma chère Andréine : dans l’idiome noguchiste qui est le vôtre, selon le contexte, au détour d’une virgule ou d’un point, « katsugen undo » désigne indifféremment : soit l'expression naturelle du corps, soit l'approche culturelle théorique et pratique « autour de » cette expression biologique. Exactement de la même manière, « mouvement régénérateur » désigne tout à la fois ce qui se passe quand on cesse d'intervenir dans le fonctionnement automatique du corps, et les exercices préparatoires mis au point par Noguchi pour faciliter le lâcher-prise, ainsi que les paroles prononcées et autres usages perpétrés autour de ce temps de lâcher-prise. Sans aucun signe distinctif d’écriture, de prononciation, ni de définition, ces termes désignent soit l’impraticable spontanéité du corps, soit les pratiques et les idées qui « tournent autour » de cet impraticable.

   Les mêmes mots recouvrent donc deux choses très distinctes : l'une est un phénomène naturel universel dont l'expression physiologique varie selon l'unicité de chaque organisme vivant, l'autre est un mouvement culturel de récupération et d’interprétation de ce phénomène. L’un est intemporel. L’autre, le mouvement culturel est historique (Dieu merci ! J).

Histoire de hic et d’imbroglios divers

   Le hic, la lacune de vocabulaire impardonnable, c’est que ce mouvement culturel ne se nomme pas. Pas distinctement du phénomène naturel qui l’intéresse et autour duquel il construit, théorise et élabore ses pratiques. Par ce non-dit, ce non-nommé (ou ce non-nom si vous voulez), ce mouvement culturel s’assimile même sournoisement au phénomène naturel qui l’intéresse en s’englobant  lui-même sous les noms « katsugen undo » ou « mouvement régénérateur » -nomsqu’il a donné lui-même à ce phénomène…

   C’est pourquoi dans son livre à la parole désaccordée dame Bel –passablement hébétée, assommée par tant d’années de pratiques et de répétitions mécaniques industrielles qui la laisse dans le piteux état de n’être plus capable de discerner les évidences creuses dans laquelle elle patauge en tournant en rond avec ses amis qui lui ressemblent trop-  dame Bel disais-je (avant de paumer le début de ma phrase J) se lance sans sourire ni rougir dans « l’histoire du katsugen undo » , sans même avoir la politesse préalable de préciser à son lecteur attentif -et amoureux des mots qui veulent dire quelque chose- de quoi elle parle… Ce qui revient à faire hara-kiri à sa Bel ® intelligence…

   Aujourd’hui encore aucune différence élémentaire n’est faite entre ce phénomène naturel et le mouvement culturel qui s’y intéressent. En effet on ne parle guère « d’une pratique qui tourne autour du mouvement régénérateur » mais encore et toujours de « la pratique du mouvement régénérateur » (« The » pratique…). 

   Il en découle d’ailleurs au sein même de leur organisation une confusion incroyable. C’est la foire d’empoigne ! C’est à savoir qui est le plus puriste, le moins simulateur, qui pratique le vrai mouvement régénérateur, comprenez le plus authentique car le plus proche de celui de Tsuda ou Noguchi, etc… On croit rêver ! Personne ne semble se rendre compte (si ce n’est votre serviteur ; aurai-je droit à mon prix Nobel ?) que « katsugen undo » désigne avant tout une faculté naturelle de l’organisme vivant… C’est dire si fondamentalement on se moque et se contrefiche de ces guéguerres ridicules ; elles ne concernent que les tristes humains qui se battent pour essayer de s’accaparer ce qui n’appartient absolument à personne…      On s’en fout : chacun est libre de monter et de faire la publicité du mouvement culturel de récupération du « mouvement régénérateur » qui lui plaît ! Imaginez-vous des guignols en train de se battre pour savoir qui pratique le pet ou l’éternuement véritable ; et bien on en est rendu là !  On vit une époque formidable !  

D’un glissement sémantique à un glissement de terrain il n’y a qu’un pas

   Reprenons l’histoire de cet imbroglio pour bien en comprendre les tenants et les aboutissants : des personnes (en l’occurrence des nippons ni cons) ont repéré au siècle dernier ce qu’ils définissent eux-mêmes comme une faculté naturelle et l’ont nommée « mouvement régénérateur » (traduction française très partisane). Jusque-là tout va bien. Les choses se gâtent quand ils oublient connement de se nommer eux-mêmes distinctement de cette faculté naturelle. C’est-à-dire qu’au lieu de rassembler leurs idées et leurs pratiques particulières (qu’ils ont déduit de leurs expériences du mouvement régénérateur inné) en un corpus générique, et de présenter à leurs semblables ce corpus comme étant « notre pratique autour du mouvement régénérateur inné», ils ont présenté leur approche comme étant  « la  pratique du mouvement régénérateur inné ». Ils se  sont bien gardé d’insister sur le fait que leur approche n’était jamais qu’une « approche », et que ce n’était somme toute que « la leur » ; c’est-à-dire une approche parmi d’autres potentielles. S’assurant ainsi -dans les mots du moins- l’usage exclusif d’une faculté naturelle universelle. Rien que ça. Un petit mot vous manque et tout est dévoyé !

   Car suite à ce glissement sémantique tout ce qui n’est pas exactement « la pratique du mouvement régénérateur » -c’est-à-dire « la leur »- est systématiquement rejeté comme n’étant pas réellement « le mouvement régénérateur ». Autrement dit si vous ne collez pas exactement avec leur cadre de référence, bien souvent ils vont mécaniquement jeter le discrédit sur votre expérience jugée non authentique (c’est de la « simulation » ou quelque chose qui ressemble de loin au mouvement régénérateur, pas le mouvement régénérateur « véritable » dont ils se portent garants) et douter de la validité de vos paroles (vous parlez « d’autre chose »).

   C’est très insidieux car il devient presque impossible de dialoguer avec un noguchiste convaincu à cause de ce détournement de langage. Rien de plus difficile par exemple que de faire entendre à un noguchiste puriste et conservateur que vous avez découvert spontanément vous-même l’expérience naturelle désignée sous le terme mouvement régénérateur (« spontanément » c’est-à-dire accidentellement : sans aucun intermédiaire, sans mode d’emploi autour, et même sans savoir ce qui vous arrivait…). C’est jugé suspect ! Le noguchiste a beau savoir –en théorie- que le katsugen undo est une faculté organique naturelle et que partout sur la planète des animaux humains vivent cette expérience innocemment sans rien connaître sur le sujet, c’est plus fort que lui : tout ce qui ne vient pas de son sérail et ne porte pas directement allégeance à Tsuda et Noguchi est présumé coupable de pantomime ou d’auto-fourvoiement... Et si vous avez l’audace inconséquente à ses yeux de rajouter que vous vivez cette expérience quotidiennement, depuis plus de vingt ans,sans avoir jamais pratiqué quoi que ce soit autour en lien avec Noguchi et consorts, et voire même –cerise sur le gâteux- que malgré que vous ayez lu tous ses livres, vous ne faites pas d’Itsuo Tsuda un maître-à-penser (si ce n’est de travers…), alors là vous êtes systématiquement taxé d’hérésie, si ce n’est de folie pure et simple !! Et si les noguchistes n’étaient pacifistes dans l’âne, ils vous réserveraient sans doute le même sort que celui de feue Jeanne d’Arc qui comme vous entendait des voix…

   A titre d’exemple (parmi tant d’autres…), voici une illustration de mes propos. Il n’y a pas si longtemps je me suis retrouvé dans une bien saugrenue situation : alors que je passai cordialement un coup fil au « professeur de mouvement régénérateur » qui chapeaute un cercle noguchiste à deux pas de chez moi (histoire de m’enquérir de détails pratiques pour pouvoir les rencontrer en participant  à un « cours » collectif (voir note 1, plus bas)), j’ai eu le malheur de dire que je savais de quoi il en retournait quand il me causait du « mouvement régénérateur », car je l’expérimentai en solitaire depuis belle lurette. A partir de ce moment la conversation pris un tour tragi-comique. Changement de ton, soudain froid et manifestement tendu, il jeta tout d’abord le discrédit sur mon vécu : sans me questionner nullement il affirma péremptoirement que je devais à coup sûr parler d’autre chose car les amalgames avec son mouvement régénérateur chéri rien qu’à lui étaient légion. Comme j’insistai il se renfrogna et, passablement énervé, il finit par me poser la fatidique question « avez-vous lu les livres de Tsuda ?». C’est alors que je compris ma naïveté et mon erreur qui était de parler en mon nom, et qu’elle devait être désormais ma stratégie pour qu’il retrouve un semblant de sérénité : ma réponse affirmative à sa question entama sa détente ; cette dernière s’approfondit quand je l’informai que j’étais passé rendre visite à « l’école de la respiration » et à d’autres cercles noguchistes par le passé… Sésame magique que j’avais prononcé-là, il pouvait en toute quiétude retrouvé son allant : mon expérience personnelle avait été brevetée par ses pairs, j’avais été adoubé par ses « Pères » ! Une fois le cadre de référence qui lui tient lieu de pensée « personnelle » rassuré, finie l’ambiance de garde à vue : j’étais le bienvenu… Alléluia !

   Ce qu’il y a de parlant dans cette situation, c’est qu’en ce me concerne je tiens mes lectures et mes visites aux noguchistes pour des anecdotes somme toute négligeables car sans aucun rapport avec ma manière de vivre le mouvement régénérateur, tandis que pour ce monsieur ce sont deux critères essentielles : sans elles mon expérience personnelle est tout simplement irrecevable. A ses yeux enfumés de « professeur » de faculté naturelle (sic), quiconque n’a pas prêté allégeance à son système de croyance est d’emblée « présumé coupable »… Tels des inquisiteurs les noguchistes font systématiquement planer le soupçon d’hérésie au-dessus de nos têtes… Quand ce n’est pas le rejet mécanique pur et simple, leurs arguments disent leur sempiternelle défiance de l’Autre. A les écouter et les lire tout ce qui ne descend pas directement de leurs demi-dieux Noguchi ou Tsuda n’est pas fiable -a priori. L’altérité est vécue comme une menace. C’est comme s’ils détenaient quelque chose de pure qu’il fallait absolument préserver des méchantes influences de l’extérieur. Regardez-les jouer aux rôles de protecteurs... Et si vous leur emboitez le pas, vous aussi vous ferez partie des purs ; sinon garde à vous (voir 2) !... Toujours la même peur instrumentalisée. Toujours les mêmes arguments. C’est pour cela que je parle de pensée unique.

   Ils sont tellement conditionnés ! Sous des dehors d’ouverture d’esprit exemplaire leur système qui leur sert de  prêt-à-penser est si fermé qu’ils sont incapables de concevoir une hétérodoxie ou une alternative possibles… C’est d’ailleurs ce qui les rend si vulnérables. Ils se prennent tellement au sérieux dans leurs certitudes caduques que le moindre sarcasme les ébranle ; ils sont tellement sûrs de leur monopole que la moindre hétérodoxie leur fait peur. Et comme leurs illusoires sentiments de confort et de sécurité ne tient qu’à un fil -celui auquel tient aussi les croyances noguchistes dans lesquelles ils placent leur foi- le moindre vent de révolte ou d’impertinence les fait trembler jusqu’aux tréfonds.

   La foi : ils ne se rendent même plus compte des mythes qu’ils prennent pour argent comptant. Comme dans leur esprit embrumé il y une totale et véritable indistinction entre le phénomène naturel et le mouvement culturel qui est le leur, la plupart croit vraiment que Noguchi est à l’origine de ce qu’est le katsugen undo, et que Tsuda l’a « introduit en France » à une date particulière… De là à penser que Noguchi et Tsuda ont révélé la Vérité sur le mouvement régénérateur inné, il n’y a qu’un pas. Nombreux sont ceux qui le franchissent allégrement sans même s’en rendre compte...

(1)        Car après tout je n’ai rien contre les noguchistes en chair et en os, ce sont leurs manières et leurs idées que je combats. C’est pour cela que je m’en prends uniquement aux « cadors » du noguchisme : je combats les personnages, pas les personnes… J’ai une amie qui est noguchiste. Nos différends intellectuels n’entravent en rien notre amitié. A vrai dire on n’en parle jamais ! :)

(2)       Je ne nie pas qu’il y a moult « dérives » au nom du « mouvement régénérateur » ; je pense juste que le repli sur soi proposé par le reflexe identitaire noguchiste est lui-même une dérive et non pas une solution à ces dérives. Et je rajoute aussitôt que toutes les pratiques –sans exception- sont des dérivations du cours naturel des choses. Seule la spontanéité du cours des choses qui est celle du fonctionnement automatique du corps est littéralement « sans connaissance, sans technique et sans but ». Comme nul homme ne peut se targuer d’être objectif et neutre, nulle pratique, nulle méthode, nulle discipline ne peut revendiquer être « naturelle » ou « spontanée ». Une « méthode naturelle » c’est un oxymoron. Cette course au « naturel » qui anime le marché du Bien-être n’est que le reflet d’une avidité sans borne. De la même façon l’antienne « sans connaissance, sans technique et sans but » répétée dans la bouche d’un noguchiste n’est qu’un argument commercial vendeur et une façon grossière manière de s’auto-aveugler.

   Si on ne regarde pas en face nos propres dérives, notre lutte contre les dérives des autres est vaine et sempiternelle car elle est le fruit d’une dérive qui s’ignore elle-même. Et qui se complaît dans cette ignorance. L’éternelle histoire du serpent qui se mord la queue en somme.

Être clair, est-ce criminel ? 

  Pourquoi n'ai-je jamais entendu un seul noguchiste insister sur cette distinction primordiale entre l'une et l'autre des acceptations de « katsugen undo » (entre le phénomène naturel et le mouvement culturel qui est le leur)? Qu'il y a-t-il de si inavouable, de si tabou qu'on n’ose même pas une seule fois le formuler ? Cette honte ineffable serait-t-elle liée à leur incommensurable sentiment de petitesse que les noguchistes cachent piteusement derrière la grandeur affichée du katsugen undo (au sens littéral)? Regarder-les, ils n'osent même pas s'avouer misérables. Alors -comme moi- ils attirent l'attention à soi : sous prétexte de faire la promotion de l'incroyable, du fantastique, de l'extraordinaire, de l’incomparable katsugen undo… Frère noguchiste je te reconnais bien là mon égal. Je te vois en moi : minables parasites nous sommes, non ?

   Ce qui nous distingue est uniquement la rage intestine ampoulée par mes mots que m'inspirent tes bonnes manières impolies à l'égard de l'universalisme de l'intelligence spontanée du corps. Toi tu es prêt à tout pour faire la publicité de toi-même : tu es prêt à dénier le particularisme de ton approche, à renier ta subjectivité comme la portée relative et démodable de tes points de vue; cela ne te dérange pas de divulguer tout autour de toi à qui veut bien t'écouter toutes sortes d'absurdités. Quitte même à faire éhonteusement de l'absolue insaisissable spontanéité une soi-disant « pratique ». Et tu crois vraiment flouer ton monde en te faisant croire à toi-même que tu es « sans connaissance, sans technique et sans but ». Moi -minable aussi- j'ai une éthique mon pote ; et un sens aigu de la comédie. Alors je te déjoue sans lunettes ; et je me complais à jouer au plus bête…

   La naissance du « noguchisme »      

   Pour mettre fin à cette lacune de sens et de vocabulaire délétère (vraiment pas grand-chose en somme…), j’ai nommé « noguchisme » le mouvement culturel de récupération du katsugen undo qui a commencé avec Haruchika Noguchi au siècle dernier, et qui se perpétue de nos jours. En France, le noguchisme se caractérise par les diverses organisations sporadiques qui fleurissent autour de nombreuses croyances dont celle admirable qui affirme la véracité du mantra « je pratique le mouvement régénérateur ». Croyances qu’elles propagent ici et là pour le meilleur et pour le pire. A proprement parlé le noguchisme est une pratique autour du mouvement régénérateur (parmi d’autres possible comme par exemple la spontanéosophie -sans S majuscule s’il vous plaît), une approche de la sagesse innée du corps.

   Plus je déconstruis « la pratique du mouvement régénérateur », plus je construis « le noguchisme ». Plus je décortique et démonte les mécanismes aveugles et autres non-dits stagnants sur lesquels reposent « la pratique du mouvement régénérateur », plus se révèlent les constructions fausses sur lesquelles s’assoient les organisations qui la répandent ; plus se dessine, plus apparaît clairement dans tout son éclat la tromperie qu’est « le noguchisme ». 

   Je ne nie pas le génie de Noguchi d'avoir « isolé » -en quelque sorte- cette remarquable manifestation qu’est le katsugen undo (et je lui en suis gré d’ailleurs). Cependant je ne nie pas non plus la bêtise qui fut la sienne quand il oublia de distinguer -clairement, verbalement, ouvertement, adéquatement- ce qui relève de la pratique de ce qui n’en relève pas. Cette imprécision qui n'a eu d'autres conséquences que de faire de cet isolement factice (de cette réification du katsugen undo) une illusoire réalité dans l'esprit du plus grand nombre -dont vous semblez faire partie ma Bel bien-aimée.

    Aussi, comme désormais cette illusion est poussiérisée, vous pouvez maintenant dire que le noguchisme (ou inventez n’importe quel autre néologisme qui vous plaira) est «un aspect du seïtaï » ; et conter si cela vous chante « l'histoire du noguchisme », ça me va très bien ; merci pour mon ulcère. J S’il vous plaît soyez claire ; cessez juste de pérroquetter les âneries de vos aînés sans les passer au préalable au tamis de votre intelligence -en les mesurant à l’aune de l’adéquation ou non de votre expérience. Et voyez comment le particularisme dans lequel vous enfermer le mouvement régénérateur est à l'image de la cage dans laquelle vous vous complaisez vous-même…

   Et moi qui parle ici avec emphase, qu'ai-je réalisé pour oser parler sur ce ton à une partie de moi-même qui ressemble comme deux gouttes d’huile de vidange à une prêtresse émérite du noguchisme? Aurais-je sondé mes origines de fond en comble? Que nenni. A vrai dire je me suis  contenté de construire une autre cage au katsugen undo (sens littéral). Ni plus ni moins. Une autre cage, c'est-à-dire une alternative qui se veut moins pire que « la pratique du mouvement régénérateur » - qu'elle prétend d'ailleurs pouvoir remplacer haut le pied. Juste une autre approche théorique et pratique de l'intelligence spontanée du corps; avec au cœur (au milieu, au centre) de cette approche le même phénomène instinctif que celui désigné par les termes « mouvement régénérateur inné ». Une alternative qui ne prétend libérer personne vu que je ne suis pas moi-même « libéré ». Juste une autre cage qui se veut plus ample et plus spacieuse; et surtout moins solennelle et moins idiote (moins impensée) dans ses raccourcis que l’est le noguchisme. C'est tout.

   J'ai  nommé cette approche “la spontanéosophie” (dans cette acceptation sans S majuscule).

Andréine Big-Bang !

   Quant à vous Bel Andréine, je vous le dis tout de go : vous n’avez jamais –ni vous  ni personne- « pratiqué » le mouvement régénérateur. Vous avez des pratiques autour du mouvement régénérateur inné. Et comme vos usages sont en lien avec Noguchi, et que vous répandez sa bonne parole comme celle de Tsuda, vous « pratiquez le noguchisme ». Vous et vos comparses pratiquez uniquement le noguchisme (qui tourne autour du katsugen undo mais qui ne pourra jamais en saisir l'essence - « incapturable » par quelque mouvement culturel que ce soit). Et à compter de ce jour, c’est officiel, vous n’êtes plus une pratiquante du katsugen undo, mais de manière adhérente et adhésive –pour ne pas dire religieuse-, une noguchiste pratiquante.

   Enfin, si jamais par le plus grand des hasards l'origine véritable du katsugen undo (sens littéral) vous intéresse, surtout ne bougez plus, restez où vous êtes, et plongez en vous-même car la source qu'est le katsugen undo n’est autre que Vous-même. Sur ces bonnes paroles je vous quitte, j'ai la casserole de riz au lait qui déborde. TchÖ !

…ah, non, j’oubliais :

La complaisance dans l’insatisfaction 

   Pour la clarté de mon propos, permettez-moi de reprendre ici le détricotage de votre infatuée soi-disant « démocratisation » ou « restitution » du mouvement régénérateur, en développant l’analogie entre vous et moi et les multinationales qui disais-je : «s’intéressent seulement à notre santé tant que cela leur rapporte quelque chose ». 

   Vous êtes-vous déjà posez la question de savoir: qu’est-ce que ça vous rapporte de rendre à quelques-uns ce qui n’appartient à personne (et qui ne vous a rien demandé d’ailleurs…) ? « Rien », dites-vous !? Permettez-moi de douter. Désolé mes amis, mais je ne crois pas plus en votre « désintéressement » qu’en le mien. Bonne conscience et profit, même combat !

   Les voies de l’ego sont impénétrables… Tant que subsistent en nous des traces d’ego, notre prétendu désintéressement c’est du pipi de chat ! Tant que perdure notre sentiment de vivre physiquement séparé du reste du Vivant, de ne pas être Tout, d’avoir la conscience d’être quelqu’un ou quelque chose, tous nos faits et gestes sont marqués du sceau de l’ego.  Ce qui n’est pas un mal d’ailleurs, tant qu’on ne s’en cache pas… Le souci de l’autre n’est jamais que l’extension du souci de soi.

   Rien de tel pour se cacher que de se faire croire qu’on défend une « noble cause », plus haute, plus belle, plus digne que soi. Que ce soit l’Humanité, le Bien, la Santé, la Vie pleine, la Paix et l’Harmonie ou que sais-je encore, c’est toujours « moi » qui attribue selon mon propre jugement l’importance de « la bonne cause » que je défends. En ce sens seul « l’Egoïste » est honnête (comme disait Max Stirner) ; car il ne nie pas l’importance qu’il se donne automatiquement quand il bataille pour une cause qui est la sienne.

   C’est pourquoi vous me faites rire avec votre bouffonne « propagation du mouvement régénérateur » à laquelle vous donnez comiquement des accents ridiculement solennels et « humanistes ». Cela n’est que compensations, analgésiques et expédients. Une des mille et une manières de l’ego de se complaire dans l’insatisfaction

   Et je ne dis pas ça pour vous écarter de moi, pour me distinguer de vous. Je me reconnais être votre égal. Que fais-je d’autre que vous quand je fais la publicité de l’approche que j’ai bricolé qui fait l’éloge de la Spontanéosophie (la sagesse de la spontanéité)? Que suis-je d’autre que votre plus parfait reflet ? Nul autre que vous je ne prétends être. Et plus je perce à jour vos petits jeux, plus j’y vois clair dans les miens ; plus je perce à jour mon petit « je»…

   Certes je vous critique sans pitié amis noguchistes, mais « qui aime bien châtie bien » ; car ma manière de vous voir est si particulière, si à moi, que je vous reconnais comme mes frères, plus ou moins siamois…

   Est-il possible d’écrire à quelqu’un d’autre que soi ? Je ne crois pas.

   Sur ces bonnes paroles je vous quitte, j'ai la casserole de riz au lait qui déborde. TchÖ ! 

…ah, non, j’oubliais : 

Pour en finir avec « sans connaisance, sans technique et sans but »

   Notre entendement humain –notre cognition- n’est que biais et prismes. Percevoir comme comprendre, c’est traduire, interpréter et réinterpréter à l’infini de manière récursive. Nul ne peut se vanter d’avoir une perception directe des choses comme de la vie. (Et si tel était le cas d’ailleurs, si notre regard se voulait soi-disant clairvoyant, « neutre et objectif », comment ne pas le souiller d’emblée en utilisant le langage et autres médiums pour le communiquer ?). Alors s’il vous plaît, je vous en prie (je m’agenouille, et je peux même faire trois « je vous salue Tsuda » si c’est ça que vous voulez), cessez de brandir çà et là  « sans connaissance, sans but, sans technique » qui fait office d’épitaphe à votre défunte lucidité.

   Renaissez d’entre les morts, vivants à travers votre bouche ; vous qui ne faites que repéter sans cesse sans comprendre la portée de cette ânerie sans nom émise comme un pet par feu Tsuda. Oui et mille fois oui, je suis d’accord avec vous, « sans connaissance, sans but, sans technique », cette flatulence verbeuse d’origine trouduculaire japonaise qui vous sert d’auto-aveuglement perpétuel est la plus merveilleuse maxime qui m’ait été donné d’entendre moi aussi. Néanmoins de la manière dont vous l’utilisez elle est fausse.

   Comme tout homme est biaisé, notre Culture l’est tout autant ; elle qui n’est que la somme des biais sur pattes que nous sommes ; nous qui incarnons, faisons vivre et évoluer cette Culture qui nous déguise. Donc toute culture est biaisée –car une somme de gens louches qui louchent ne donne pas un regard altier et droit. Donc toute pratique (louche ou pas louche) louche -à l’image de la culture qui l’a vu naître et de la personne qui l’a bricolée. Donc vous êtes coupable de tromperie à l’égard de vous-même. Comme à l’égard, par contamination, de ceux qui vous écoutent et vous lisent… Car vous vous vantez ici ou là d’avoir des pratiques « sans connaissance, sans technique et sans but » ; ce qui est humainement impossible. Et à l’impossible nul n’est tenu de se vanter…

   Donc je vous condamne à plonger en vous-même pour découvrir ce que cette technique -qui consiste à pérroquetter sans connaissance de cause le mantra « sans connaissance, sans technique et sans but »- cache comme but inavoué.

   Seule la Spontanéité du Vivant est « sans connaissance, sans technique et sans but ». Nous autres les humains sommes fatalement condamnés par nos biais et autres prismes en tous genres à « dévoyer » et « dénaturer » sans cesse, du simple fait que nous avons conscience de nous-mêmes. Constat dont il n’émane aucune gravité : le tout est d’en être éminemment conscient et de ne pas prétendre l’impossible contraire. Restons joyeusement lucides et sereins sur ce point s’il vous plaît.

   Au sein du « sans connaissance, sans technique et sans but », nous sommes des passants qui ne faisons que passer « avec connaissance, avec techniques et avec but ».

   Sur ces bonnes paroles je vous quitte, j'ai la casserole de riz au lait qui déborde. TchÖ !

…ah, non, j’oubliais : 

« Le plus dur ce n’est pas la chute, c’est l’atterrissage !».

 « Le corps accordé », à la bonne heure ! Mais diantre, que faites-vous de la parole ?! Que faites-vous du Verbe qui est aussi notre geste, des mots qui sont aussi notre chair ?!

   Chacun d’entre nous suis irrémédiablement dans ses actions l’inclinaison à laquelle nous poussent les mots et les pensées qui du lever au coucher nous traversent. Comment prétendre (quand je suis sérieux) à une action juste et correcte à l’égard de quiconque si mes mots s’égarent ici ou là à dire tout et leur contraire ?

   Etre en accord avec ses mots, avec sa langue, c’est aussi être en accord avec soi-même, avec son corps.

   Etre en accord avec soi-même cela ne veut pas dire mimer l’harmonie personnelle ; mais en l’occurrence s’accorder à soi-même, comme accorder au monde sans honte, que malgré le mouvement régénérateur on vit encore en désaccord avec soi-même, tel un éternel « dégénéré »… « Nul n’est parfait », moi le premier ; ainsi parle le non-aveuglé par l’image fausse qu’il se fait de lui-même. Et ce non seulement pour éviter le pharisaïsme -si impeccablement incarné par l’inégalable dans le ridicule, le tristement célèbre cerbère noguchiste Bruno Garnero (avec qui j’ai eu quelques échauffourées épistolaires cocasses : http://katsugenundo.canalblog.com/archives/2018/03/02/36189015.html)-, mais aussi afin de ne pas ignorer le phénomène d’emprise, et de l’atténuer au maximum. Phénomène inévitable quand on se retrouve en position de livrer à son prochain des clés potentielles pour qu’il s’ouvre à lui-même…

   Par conséquent, même si je prends la parole sur des sujets qui m’embarquent vers des thèmes tels que « la santé, le bien-être, l’épanouissement, l’harmonie » ou que sais-je encore, je ne parle pas en tant que « parvenu » (en tant que bienheureux qui vit en pleine santé holistique ou/et qui jouit de « la Vie pleine », de « l’état naturel », de l’harmonie native de l’organisme vivant, etc.) , mais en tant que personne en chemin qui parle au passage, d’égale à égale, avec des personnes elles-mêmes en chemin. Quelles que soient ma virulence ou la conviction qui émanent de mes propos, à tout moment je sais que je ne sais rien avec une certitude absolue, étant donné que je ne vis pas moi-même en état de certitude absolue –s’il en est un. Je doute donc je suis en chemin. Et le scepticisme fondamental à l’égard de mes propres évidences sources d’erreurs est l’un de mes essentiels moteurs. 

   A mon sens nos mots doivent dire sans ambages le désaccord qui nous habite. Ouvertement. Car si en public nos mots taisent soudain nos maux, et qu’on tente de se cacher sous le masque -hideux, monstrueux- de l’exemplarité, il ne faudra pas s’étonner de se faire rattraper par l’ironie du sort. Elle qui ne manquera pas de faire transpirer à travers  notre corps et transparaître à travers l’imbroglio de nos mots notre propre désaccord. Quels que soient nos efforts désespérés pour nous cacher de nous-mêmes comme des autres, nous sommes finalement, tous, toujours, inexorablement transparents. C’est mon credo.

   Alors autant être honnête d’emblée sur la part de contradiction qui nous habite, car sinon, un jour ou l’autre, un tel ou un autre se chargera de nous mettre face à nous-mêmes. De faire tomber les masques. Le faux finit toujours par tomber.  Et  plus nous nous serons drapés dans le faux avec emphase, plus nous aurons adopté des attitudes ridiculement contraires au bazar qui est le nôtre, plus nous aurons mimé un personnage, une image de nous-mêmes loin de ce qui se passe en nous, bref plus nous nous serons désincarnés dans un déguisement de nous-mêmes, plus l’atterrissage sera pénible et difficile.

   Alors à quand le « réajustement postural » du Verbe d’Andréine Bel ?

  Sur ces bonnes paroles je vous quitte, j'ai la casserole de riz au lait qui déborde. TchÖ !

…ah, non, j’oubliais :

« Seïtaïser », le seitai comme religion

   Avant de nous rassembler pour nous recueillir ensemble à la mémoire d'un grand homme qui s'est considérablement emmêlé les pinceaux et le neurone, examinons une dernière fois un exemple typique de la mauvaise foi caractéristique des noguchistes.

   Voici une de leurs principales antiennes, je cite Bel et bien Andréine qui dans ce passage loue la dévotion de Tsuda dans la sainte œuvre qu’est la propagation du seïtaï: « Il n'a eu de cesse de le restituer au patrimoine de l'humanité ». Voyez encore dans tout son éclat le glissement sémantique, l'abus de langage sournois: ici la propagation du seïtaï, c'est-à-dire la promotion de l'art art de vivre chéri des noguchistes, n'ai pas vu comme un acte prosélyte, comme une tentative pure et simple de conversion, mais comme un acte de restitution. Saint Amalgame quand tu nous tiens ! On nage en pleine religion…

    « Restituer le seïtaï au patrimoine de l’humanité », qu’est-ce à dire ? Si quelques noguchistes –les meilleurs d’entre eux- sont susceptibles de nous le « restituer » gentiment, c'est qu’à la base le seïtaï fait déjà naturellement partie intégrante de notre « patrimoine » commun. Si en effet le seïtaï ne s'ajoute pas mais nous est rendu, c'est dire que cet art de vivre n'est pas à proprement parlé japonais, ni même issu d'une quelconque culture humaine particulière que ce soit: le seïtaï est l’art de vivre naturel en soi… Voilà le fond de la pensée du noguchisme derrière cette expression. Fond de pensée –pour ne pas dire fond de culotte- qui ne fait d’ailleurs que révéler en sourdine leur volonté de convertir l’humanité au seïtaï. Autrement dit de seïtaïser l’humanité…

    Chez les noguchistes ce sentiment que le seïtaï coule de source, va de soi, est renforcé par l'usage qu'ils font du néologisme « seïtaïser ». Ce verbe renvoie dans leur mythologie au légendaire « état seïtaï » : prétendu état « normal » (au sens physiologique) de l'organisme. Etat qui quand on en dispose (comme le prétendent nombre de ridicules « professeurs » ou « instructeurs » de mouvement régénérateur) nous permet de jouir de la « Vie pleine » -autre concept sacré noguchiste.  Malgré le fait que cet état n'ait jamais été « prouvé » de quelque manière que ce soit, cet état est tenu pour vrai et indiscutable par l'ensemble des noguchistes. Pour la simple et bonne raison suffisante vous diront-ils, que Noguchi était dans cet état…qu'il a défini lui-même. Cherchez le problème ! J Cette assertion est le plus parfait des syllogismes: « Noguchi était un être véritable (il avait atteint un état « normal », « naturel »... « seïtaï »); Noguchi a défini l'état seïtaï; donc l'état seïtaï est vrai. » C'est absolument implacable; comme l’est toujours une croyance. Comme tout ce qui ne relève que de la foi…

     Si vous faites remarquer à un noguchiste convaincu  que « l'état seïtaï » n'est somme toute qu'une hypothèse, et qu'il est permis de douter de la « normalité » présumée de « Maître Noguchi », l’obtus noguchiste - pourtant si « ouvert » et « humaniste » à ses propres yeux- ne vous tiendra plus très longtemps en son cœur pour un de ses semblables... Mais en viendra bientôt - tel l'inquisiteur- à vous rejeter pour hérésie…

  Quand l’intelligence spontanée du corps normalise, se régule via le mouvement régénérateur inné, ils disent que « l’organisme vivant se seïtaïse » ; si ça leur plaît, pourquoi pas. Mais qu’ils ne s’offusquent pas si je dis que moi, mon corps, mon chat, l’arbre sur lequel il fait ses griffes, le moustique qui pique notre sang, tout comme la langue française, n’avons aucun besoin de ce verbe-là pour dire la force de régulation qui embrasse gratos chacune de nos cellules. Le plaisir de jargonner est le leur, qu’il se le garde…

   Certains voit la « Vérité » dans les « preuves scientifiques », d'autres la cherche dans les révélations des sages ou des mystiques, le noguchiste lambda lui la trouve dans les faits et gestes et les idées de Noguchi et Tsuda. Dans une religion les concepts chers à leur prophète deviennent le dogme de ses partisans, et le fondement et le ciment de leurs organisations. Ainsi les noguchistes baignent dans “le ki, la seïtaï, la seïtaïsation, le cœur du ciel pur, la pratique du katsugen undo, l’aïkido, yuki, le système moteur extrapyramidal versus le système pyramidal, le non-faire, la Vie pleine, l’involontaire versus le volontaire, l’introduction comme la propagation ou le déclenchement du mouvement régénérateur, etc. Autant de concepts chers à leurs maîtres chéris, qu'ils commémorent et vénèrent chèrement. Grand bien leur fasse après tout, ça les regarde.

   Je ne discuterai pas de la validité de leurs arguments s’ils assumaient en dansant la religiosité fondamentale de leur démarche. Mais pourquoi diable n'assument-ils pas leur religion ? Cette soi-disant « restitution au patrimoine de l’humanité » n’est qu’une farce grandiloquente qui cache mal la petitesse du prosélytisme désespérant –car inavoué- dans lequel ils s’enfoncent sans grâce. Qu’ils se tartinent de bonne conscience en veux-tu-en-voilà si cela leur plaît ; mais doux Nogu… euh non pardon… doux Jésus qu’ils assument ! Assumer sa foi, y’a pas de honte à ça !

  Je ne trouve pas idiot l'ensemble de leurs concepts ni de leurs pratiques ; j'en trouve même certains très pertinents. Ce qui en revanche ne manque pas de réveiller mon courroux, c'est cette manière qu'ils ont de ne pas assumer leur propre religiosité consommée: leur tendance à essayer de nous faire gober leurs simples croyances comme étant d'universelles vérités. Ça me donne l’envie irrépressible de leur faire bouffer tout cru les couleuvres qu’ils essaient de nous faire avaler ! 

Le culte de Tsuda  

   Rigolons un peu. Je cite Bel qui s’extasie de l’art de Tsuda de coloniser en douceur la France avec son seïtaï : « (…) il ne l’a enfermé ni dans une école délivrant des diplômes,  ni sous un label censé préserver son authenticité. » Remarquable. Fantastique d’absence « d’esprit de discernement » (pour utiliser une de ses expressions). C’est vrai, l’école qu’il a fondé ne délivre pas de diplôme et -manquerait plus que ça- il n’y a pas de ® au cul de « mouvement régénérateur » comme de « katsugen undo ». Il a été mille fois plus fourbe que ça (« fourbe » sans faire exprès –« à l’insu de son plein gré »- ; encore une fois je ne fais pas un procès d’intention, j’expose l’emprise qu’il a eu sur ses contemporains et l’influence pathologique qu’il a encore de nos jours).

   D’abord -emboîtant fidèlement le pas à « Maître Noguchi » qui êtes aux cieux- il s’est arrogé le monopole, l’exclusivité de la jouissance d’un phénomène biologique : il a appelé ce phénomène « mouvement régénérateur », et il n’a pas nommé son approche ( il n’ a pas nommé son approche distinctement du phénomène instinctif autour de laquelle elle gravite : il ne l’a pas appelé «  « une » pratique « autour » du mouvement régénérateur » -c’est-à-dire une manière parmi d’autres possibles d’aborder le mouvement régénérateur- mais « « la » pratique du mouvement régénérateur ». Je le répète).

   Ensuite il a osé ouvrir une « école » avec sur son frontispice la captieuse maxime « sans connaissance, sans technique et sans but ». Ainsi, avec pignon sur rue, il a pu faire gober -grâce à son charisme et à son intelligence retorse- à des milliers et des milliers de crédules qu'il était possible soit de transmettre, soit d'apprendre, de l'absence de connaissance, de l'absence de technique, et de l'absence de but. Ce qui est triomphalement ridicule. Grâce à cette triple négation frauduleuse il a dissimulé le particularisme, le parti pris, la relativité et la subjectivité de son approche comme de ses choix et de ses angles d'attaque dont sont pétries ses pratiques. Cette triple absence est de la poudre aux yeux ; elle a réussi à éblouir et à éteindre l'esprit critique d'un nombre remarquable de jobards (quand bien même ils étaient instruits et cultivés…).

   Et aujourd'hui si pullulent toujours « les écoles », « les professeurs », « les disciples » et « les élèves » qui apprennent et transmettent en son nom, en chœur, des connaissances qui ne s’avouent pas être des connaissances, des techniques qui ne s’avouent pas être des techniques, et des buts qui ne s’avouent pas être des buts, bref, si pullulent des pratiques douteuses parce qu’elles ne s’avouent pas être des pratiques, c’est grâce à notre ami Tsuda. Rendons-lui ce qui lui appartient ; et rendons-lui hommage:

« Je te salue Tsuda plein de seïtaï et de ki

Que ton oncle soit sanctifié

Que ton peigne vienne

Que l’Involontaire soit faire sous-couvert de « non-faire »

Au Japon comme partout

Au nom de Noguchi, d’Itsuo et de la pratique du mouvement régénérateur

Amen ! »

 

Et la gratitude dans tout ça ? 

 Mais j'oublie le positif et me concentre exclusivement sur le négatif me direz-vous. Oui c'est vrai ; c'est vrai que Tsuda s'est merveilleusement acquitté de son rôle de passeur: des milliers de personnes ont découvert grâce à lui l'expérience personnelle reconnue sous le terme” mouvement régénérateur”. Mais à quoi bon insister là-dessus?

    De la même manière que la graine une fois germée ne voue aucun culte particulier à l'arroseur-jardinier qui fut un temps l’a arrosé (au moyen d'un tuyau ou d'un arrosoir quelconque) pour l'aider à germer, personne n'a à célébrer, ni à être célébré quand il s'agit de l'expression de la spontanéité. D'autant plus que concernant Tsuda, sa prétention à être le libérateur de son prochain - parce qu'il était aveugle à ses propres enchaînements- l’a conduit à enchaîner ses semblables aux chaînes qui le liaient lui-même. A quoi bon « libérer les autres » si c'est pour leurs offrir une nouvelle cage – plus confortable certes, mais aussi plus perverse car elle ne se reconnaît même pas comme étant une nouvelle prison elle-même? A quoi bon contribuer à la germination spontanée d'une plante coureuse si c'est pour l'empêcher de courir comme l'entend son instinct, si c'est pour lui proposer tout de suite toutes sortes de tuteurs sur lesquels venir s'agripper??

   Oui Tsuda à l'esprit pastoral a contribué à ce que de nombreuses personnes à l'esprit plus ou moins moutonnier expérimentent le mouvement régénérateur, mais à quel prix? Regardez comme les plus moutonniers d'entre eux sont devenus aujourd'hui à leurs tours bergers. Combien de temps va durer encore ce petit jeu des chaises pastorales tournantes?..

   Ici et maintenant Tsuda n’est pas; la spontanéité est. Faisons avec ce qui est naturellement présent plutôt que de ramener toujours le passé sur le tapis ! Que reste-t-il de lui? Des écrits et des souvenirs. Des mots et des images mortes en somme, et le sens potentiel que les vivants peuvent leurs attribuer. Mille et une réinterprétations possibles du passé, voilà ce qu'il reste de Tsuda aujourd'hui. Pourquoi le passé toujours ressasser?

   Immodestement, j'espère contribuer si ce n’est à son oubli, du moins à relativiser son importance surestimée. Je lève ma verve “au compostage de Tsuda!” Laissons-le reposer et se décomposer en paix. Laissons la Nature faire. Inutile de s'accrocher à cette vieille planche de salut désuète…   

  Et je rappelle au passage, car il faut bien rire un peu, quel fabuleux mage il fut. Un autre avant lui transformait paraît-il l'eau en vin. Tsuda lui ne semblait pas posséder cette faculté. En revanche il en avait bien d'autres: donnez-lui du « sans connaissance », il ouvrira une école ; donnez-lui du « sans technique », il en fera une pratique; donnez-lui du « sans but », il vous pondra du « régénérateur » à tout bout de champ. Du même ordre : présentez-lui  l'impraticable, il en fera « la pratique du mouvement régénérateur »; présentez-lui l’intransmissible, il s'en fera « professeur »; présentez-lui ses semblables, il en fera « ses élèves »... Après s'être mué lui-même en berger, il a transformé pleins d'animaux humains en troupeau d’ovins... Oui, le pâtre Tsuda à fait paître ses semblables ; saluons en lui le magicien ! 

Une philosophie pratique de l’élevage 

   Bel chère Andréine, vous qui vous plaignez du fait que dans les librairies les livres de votre Tsuda adoré soient entreposés « au rayon spiritualité/ développement personnel », alors qu'il s'agit plutôt selon vous de « philosophie pratique », permettez-moi d'ajouter « philosophie pratique de l'élevage » à votre remarque. On trouve en effet dans ses bouquins toutes les ficelles pour rassembler des fidèles et suivre son modèle. Ce dont ne se privent aucunement nombre d’âmes errantes qui trouvent refuge dans la croyance en leur vocation de berger… Et moi-même je ne sais pas ce qui me retient - si ce n'est une pauvre éthique personnelle à la con surgit d’on ne sait où-  de  monter ma propre « école » et d'utiliser ses mots, ses idées, ses pratiques, ses postures, bref son catéchisme pour - en son Nom- noguchiser à qui mieux mieux tout semblable un brin crédule qui me tombe sous la main.

  Et vous, pour en revenir à nos ovins, vous qui semblez faire montre d'un talent certain dans l'art  d'élever votre prochain au rang d’un mouton, vous dont il serait beaucoup trop facile de dire que vous êtes au fond un mouton vous-même -vu qu’“Andréine Bel” (ne comptez pas sur moi pour m’abaisser à ce genre de vils jeux de mots)-, sur quel étalage allons-nous faire rayonner votre propre ouvrage, « le corps accordé » à la parole désaccordée? Philosophie, pratique de l’élevage, développement personnel ou spiritualité?  

   Si j'étais sincère, je dirai aucun, et prônerai l'autodafé!    

   Mais non, détrompez-vous ma Bel, ce n'est qu'une basse plaisanterie à laquelle je me laisse aller, dans votre livre il y a bien des choses à sauver. Passons donc aux louanges :

L’heure des louanges a sonné ! 

  « J’aime beaucoup ce que vous faites ; et plus encore ce que vous ne faites pas. » Pour me rire une dernière fois du « non-faire » ou du « non-agir » et des facilités récursives infinies que nous permet ce concept, j’aurais pu me contenter de cette flatterie belliqueuse et vous laisser ainsi sur votre fin. Mais c’est sans compter sur mon esprit chevaleresque! Ici les louanges j’honorerai :

   La négligence et le laxisme moutonniers dont vous faites preuve à l’égard de ce qui tourne autour du katsugen undo n’ont d’égal que la méthode et la rigueur exemplaires dont vous faites preuve dans toutes les autres parties du livre –qui sont de très loin les plus nombreuses. On sent toujours chez vous le souci d’être la plus exacte possible, la plus proche et la plus fidèle dans vos mots comme dans vos réflexions vis-à-vis de votre expérience personnelle. Vous fuyez la banalité en contextualisant toujours votre propos ; vous rappelez toujours l’importance de ne pas faire de généralité en ce qui concerne la santé et son accompagnement, de faire au cas par cas, selon la situation et l’instant en fonction de ce qui est là ; vous insistez sur les limites de vos pratiques : vous n’en faites pas des panacées, vous éludez avec grâce l’écueil de la toute-puissance sur lequel viennent s’échouer nombre d’approches alternatives.

   Bien que je ne sois adepte ni du Noguchi seïtaï, ni de yuki, ni de l’argile, ni de l’accompagnement de la santé d’autrui, j’ai trouvé parfois intéressant de suivre les méandres de vos expérimentations et de vos réflexions liées à vos passions. Ce livre à valeur de témoignage personnel et c’est là à mon sens ce qui lui donne sa force. Mais c’est là aussi que réside sa faiblesse : quand vous parlez d’un sujet, c’est de votre vie que vous parlez, et comme votre propos est très ciblé, très spécialisé, à moins d’avoir exactement les même centres d’intérêts que vous on peut vite décrocher en ne se sentant pas très concerné… En quatrième de couverture il est indiqué que votre ouvrage « s’adresse à tous, médecins, patients, thérapeutes, parents, philosophes ou simples explorateurs de sentiers inconnus, sans oublier les danseurs qui découvriront une nouvelle matière à créativité », je me retrouve dans plusieurs catégories citées ici et en côtoie l’intégralité, néanmoins, après une lecture partielle et un survol général de votre livre, je suis dans l’embarras car je ne vois pas à qui je pourrais bien le prêter… C’est tellement ciblé ! L’angle d’attaque est si aigu que cela réduit d’autant le spectre des personnes potentiellement intéressées. Si je n’avais pas connu l’approche du katsugen undo, le livre me serait d’emblée tombé des mains… Ceci dit la dimension pratique -« domestique »- étant omniprésente, les gens particulièrement soucieux de leur santé et de leurs faits et gestes au quotidien y trouveront sûrement des « trucs » et des réflexions qui les intéressent. Il y a une étagère à troc dans le bourg où j’habite, je vais l’y déposer. Advienne que pourra 

   Mais soyons positifs : j’ai trouvé réjouissant qu’une noguchiste convaincue ose imprimer  quelques légères critiques à l’égard de Tsuda ; et aussi admettre du bout des lèvres que l’assurance et le charisme de Tsuda avaient « peut-être » passablement « endormi », parfois, son « esprit critique ». Enfin, il était temps !! Même minime, quoi de plus difficile que de trouver la moindre remarque « négative » à son encontre sous la plume d’un noguchiste ! Merci mille fois de m’avoir fait ce plaisir plusieurs fois renouvelé…  

   Ceci dit, plus réjouissante encore fut pour moi la découverte du concept de «bonadie », quelle bonne idée ! Réduire le spectre de la pathologie nous ferait le plus grand bien ! Cela réduirait d’autant la sur-importance que l’on se donne à nous-mêmes à travers l’importance disproportionnée que l’on donne au moindre de nos pets de travers. Si cela pouvait nous éviter toutes ses mines graves et solennelles dès que se présente le moindre trouble venu entacher le mythe de la santé parfaite –sans haut ni bas, toujours égale à elle-même, sans maladie ni symptôme aucun… Bas les masques, je vote pour vivre les bonadies sans peur!

   Enfin je dois avouer que vous avez réveillez en moi si ce n’ai une certaine jalousie, au moins de l’envie. J’adore les dynamiques collectives. Plus c’est expérimental plus ça me plaît. Actuellement je participe à un groupe autour de la pratique du théâtre d’improvisation et à autre autour du contact-improvisation. Alors forcément quand je lis votre chapitre « une approche coopérative », ça me parle. Le pied. Et jaloux je suis un petit peu oui, parce que ce n’est pas évident de trouver des personnes qui acceptent individuellement et collectivement de se remettre en cause et de remettre en cause leurs pratiques. (C’est pour cette raison d’ailleurs que j’ai fui en courant les « séances » et autres « cours » de mouvement régénérateur –choqué et effaré par tant de rigorisme et de religiosité autour de ce qu’il y a de plus libre en soi…). Je me promets de m’intéresser de plus près aux divers outils dont vous parlez, histoire de voir en quoi ils peuvent nourrir et affiner ce que l’on expérimente déjà.   

 

Impossible d’écrire à quelqu’un d’autre que soi 

   Voilà, c’est terminé. Je sais que j’ai été très « injuste » tout au long de mes sarcasmes ; j’espère que vous saurez faire la distinction entre mes « élucubrations de plume » et mes « réelles » intentions.

   C’est-à-dire que je ne prétends pas avoir adressé le moindre mot à la « Andréine Bel » que vous êtes. Mes mots s'adressent à une image de vous qui se construit en moi quand je lis vos mots. A une image : à personnes de particulier en somme. Vos mots créent un personnage en moi qui se nomme « Andréine Bel ». Je ne doute pas un instant qu'il y ait bien plus qu'un décalage mais plutôt un véritable gouffre de Padirac (ou d’ailleurs) entre la personne que vous pensez être et celle imaginaire que je me fabrique de vous. C'est à cela qu'on s'expose inévitablement lorsqu'on joue à l'écrivain: être pris pour un autre que celui qu'on croit être…

   On écrit toujours à quelqu'un; mais ce quelqu'un n'existe qu'en nous. Pour cette raison je dis que je n'écris à nul autre que moi. Chacun de nous est tout seul avec ses mots; et l'interprétation qu'en fait l'autre - le lecteur- lui appartient en propre également.  Une relation épistolaire c'est un échange de mots solitaires. Un échange de solitudes. Qui comme des tennismen reste chacune dans leur camp respectif, séparées par un filet qui est le tamis, le filtre de la « compréhension » – qui n’est elle-même qu’interprétation personnelle.

   Parler d'une « réelle relation » dans laquelle pourrait intervenir une « véritable compréhension » serait utiliser de bien trop gros mots… Etre « injuste » avec l'autre par écrit, c'est aussi inexorable que le débordement d’une casserole de riz au lait quand on l'abandonne sur le feu. Et soyez sûr que si je fus injuste envers vous, je l'ai été tout autant dans mes critiques les plus acerbes que dans mes louanges les plus fleuries… 

   J'écris à ma solitude. Je le revendique. Donc je ne pèse pas mes mots. Il n’y a pas à avoir peur des mots quand on sait à qui ils s’adressent.

  Qu’ils touchent ou fassent un flop, cela n’est pas mon souci. C’est au lecteur de faire le tri. Le lecteur qui lit ces lignes de lui-même -sans y avoir été contraint d’aucune sorte- leurs donne le sens qu’il s’invente malgré lui à mesure qu’il interprète ces signes noirs qu’on nomme « mots ».

  Alors Bel Andréine, en définitive, pour vous, que suis-je ? une bonadie ou une maladie ?! J

   Moi, tout ce que je sais, c’est que le riz au lait est cramé… Bonne continuation, TchÖ !

 

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Commentaires
M
J'aime beaucoup ton commentaire Williams! ;) Il est parfait! <br /> <br /> Merci, c'est reposant...<br /> <br /> TchÖ! et bon Vent
W
Parfait !
Vivre le Katsugen Undo. Lâcher-prise!
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