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Vivre le Katsugen Undo. Lâcher-prise!
13 avril 2015

3. L’expérience brute du « lâcher-prise » (katsugen undo), mode d’emploi?

   Concrètement le "lâcher-prise" ici, c’est ce qui se passe quand on ne fait rien. Ce qui a lieu quand on arrête d’utiliser le corps –mental et qu’on le laisse s’exprimer, quand on cesse de modeler, de diriger, de contrôler, d’influencer le cours de la vie. Ce qui est laissé là (brut, direct, non-modifié, non-« dénaturé »), est quelque chose d’extraordinaire, qui s’exprime spontanément, d’une manière qui lui est propre.

   Vous avez un moment de libre, un moment où vous n’avez rien à faire, un moment où personne n’a besoin de vous –même pas vous-mêmes- allez-y : fermez les yeux, plongez en vous-mêmes et laisser faire... Les pensées vont et viennent, le corps bouge tout seul. Personne ne bouge, ça bouge, ça pense. C'est cela « être ».  Être spontané. Être naturel. Rien d’autre. Laisser vivre. Laisser être.

 Pas de recette, pas de "comment faire"

   Il n’y a pas de mode d’emploi. N’importe quelle personne qui vous dit de faire obligatoirement ceci ou cela pour lâcher prise -comme si c'était une garantie indiscutable- est un escroc. Pas forcément qu’elle soit de mauvaise intention : peut-être essaie-t-elle de vous tromper juste parce qu’elle s’est déjà trompée elle-même…

   En un certain sens, le "lâcher-prise" a déjà lieu en vous en ce moment même où vous lisez ces lignes. Le lâcher-prise c’est tout ce que vous ne contrôlez pas ; et à chaque instant la vie de votre corps vous échappe. L’organisme vivant gèrent des milliards d’opérations à la seconde qui ne nous demande ni notre attention ni notre maîtrise (heureusement). Sans l’incroyable intelligence de ce fonctionnement automatique d'ailleurs, ni notre attention ni notre maîtrise ne serait possible.

 Le "lâcher-prise" est sans commencement ni fin

   La spontanéité, l’activité naturelle du corps, le fonctionnement automatique du corps, le fonctionnement organique spontané… autant de synonymes de « lâcher-prise ». C’est pour cela qu’il est important de constater que le lâcher-prise a lieu en soi avant tout, qu’on participe du lâcher-prise qu’on le veuille ou non. Afin de ne pas se forger une image romantique du « lâcher-prise » tel qu’on se l’imaginerait -de manière complètement désincarnée-, et de commencer par la suite une quête sans fin d’un soi-disant « lâcher-prise » chimérique.

    Le "lâcher-prise" c’est le fonctionnement organique spontané : quand on rote, on pète, on baille, le fonctionnement des 5 sens, la digestion, le sommeil, le réveil, etc. tout  cela a lieu sans effort, même les bébés savent le faire. Nul besoin de mode d’emploi. Un nouveau-né n’est que lâcher-prise en ce sens. Il n’a aucun moyen de contrôle le mouvement de la vie. Il est spontanéité du Vivant avant même d’avoir conscience d’être. Avant d’être (à la conscience).

  L'absurde "sens de la vie"...

    La spontanéité des choses fonctionne en dehors du sens qu’on lui donne. Le soleil brille, les vague déferlent, la mort frappe, on tombe malade, on sent, on pleure, une fleur s’épanouit, une araignée tisse sa toile, l’orgasme ou le vomissement nous secoue de spasmes, les arbres sont secoués par le vent, etc. tout cela arrive de soi-même, sans raison. « C’est la vie », « c’est la force des choses », « c’est comme ça », c’est tout.

    Notre organisme vit sa vie tout à fait indépendamment de ce que nous pensons être le but et le sens de la vie. Lâcher prise c’est accepter ce fait étrange et se laisser embarquer malgré soi dans ce hors sens et ses conséquences. Accepter le lâcher-prise ce n’est rien d’autre que d’accepter que nous sommes le cours des choses, sans distinction. Laisser faire la force du Vivant, la dynamique spontanée des choses.

C’est à chacun de se mettre d’accord avec lui-même sur ce qu’il pense de "son passage sur cette terre" comme on dit, de son passage par la conscience d’être. Le corps -le Vivant- se moque des "raisons d'être" diverses et variées qu'on invoque et s'invente. Invariablement, il vit.

 Lâcher l'emprise du mental sur le fonctionnement du corps et le cours des choses

  Ce qu’on appelle plus particulièrement « l’expérience brute du lâcher-prise » comme je l’ai dit plus haut, c’est le fait de lâcher la bride du corps. On assiste à sa propre désarticulation spontanée –en témoin consentant-, le corps part en vrille, ça peut être très doux comme ça peut être très violent, très éprouvant. Plus on a un corps cuirassé, plus on contient, plus l’expression est brutale quand les vannes s’ouvrent. C’est comme la pression d’un cours d’eau sur un barrage : plus la pression est forte, plus le débit est torrentiel quand une faille s’ouvre. De toute façon ça varie tout le temps, d’une journée à l’autre, comme dans une même journée selon le moment.

   Ça peut être très doux pendant un temps, à peine un léger balancement, et bientôt ça s’emballe sans prévenir… Il n’y a rien de prévisible. C’est à chacun de vivre son expérience. Vous ne pouvez pas savoir à l’avance. Réfléchir à l'expérience brute du lâcher-prise et à ses conséquences avant d'en faire l'expérience est un exercice vain, une pure fiction.

 Autorégulation spontanée

   Je n’en dirai pas trop sur les conséquences. Il y en a qui s’en servent comme d’une pseudo « technique de santé sans technique », je crois que je me suis déjà assez longtemps étendu sur ce que je pensais de la mesquinerie de cette approche  pour ne pas en rajouter. Oui, plus on se laisse aller plus « ça va », oui moins on se porte mieux on se porte… et alors ? Les animaux vivent ainsi et n’en font pas tout un fromage. Donc il n’y a pas lieu de s’appesantir sur la remarquable capacité d’autorégulation de l’organisme. Laissé à lui-même l'organisme vivant va vers sa propre santé, le flux de la vie coule spontanément vers sa propre harmonie; chacun peut en faire l'expérience par lui-même et pour lui-même si cela lui plaît. Mais il n'y a rien d'obligatoire... Inutile d'en faire un nouveau dogme.

 "Je n'arrive pas à lâcher prise"

   Certaines personnes « n’arrivent pas à lâcher-prise ». Voilà une phrase qu'on j’entens parfois. Mais lâcher prise c'est ne rien faire, c'est laisser faire, donc il n'y a rien à réussir. Personne n'arrive à lâcher prise : il n'y a pas quelqu'un qui lâche prise (volontairement), il y a lâcher-prise... C'est comme l'endormissement. Si vous tenter quelque chose, votre tentative est forcément vaine et vouée à l'échec car vous êtes dans le "faire". 

  C’est pourquoi j’insiste toujours sur le fait que dans l'acceptation qui est utilisée ici, le "lâcher-prise" arrive tout le temps, sans arrêt. Et que dire le contraire serait comme d'affirmer qu’on est un être non-vivant. Le Vivant, la dynamique des choses est toujours en action, qu’on le veuille ou non, et nous en sommes partie intégrante -en dépit de tous nos efforts pour nous convaincre du contraire (le mythe de l’Homme qui parvient à s’extraire de l’influence de la Nature grâce à son libre-arbitre et son intelligence( !). Le jour où un humain parviendra devant moi à arrêter le fonctionnement automatique de son corps  et à le relancer à volonté, je changerai d’avis –pas avant…)

   Le lâcher-prise n’est pas quelque chose à réussir, ce n’est pas quelque chose qui se mérite et auquel on peut s’entraîner. Il n’y a rien à faire de nouveau, il n’y a pas d’activité en plus. Lâcher prise c’est « accepter » d’arrêter de faire. D’arrêter de contrôler. C’est quelque chose, une activité en moins. Littéralement l’expression directe du fonctionnement organique spontané c’est ce qui se passe quand on ne fait rien.

   C’est comme quand on s’endort ou qu’on se réveille : il n’y a rien à faire.    

    Autrement dit pour lâcher-prise il n’y a qu’à faire confiance à la force qui nous endort et nous réveille. Lorsqu’on s’endort rien ne nous garantit qu’on va se réveiller avec  certitude, et pourtant on le fait avec un certain bonheur. C’est exactement la même chose. Rendez les armes comme quand vous vous couchez, et tout ira bien, quoiqu’il se passe…

 Comment lâcher prise?

    J’ai parlé dans « comment j’ai découvert qu’on pouvait laisser le corps fonctionner en pilotage automatique » de comment cela m’était arrivé. Vous pouvez essayer cette manière d’aborder la chose mais rien n’est garanti.  C’est à chacun de trouver son truc ( voir "le noguchisme expliqué aux non-initiés"). Personne n’est identique. Ne cherchez pas trop ça vient tout seul.

   Pour être complet sur ma propre expérience je dois ajouter qu’au début pour accepter le pilotage automatique mon truc c’était de danser n’importe comment (vraiment n’importe comment, en bougeant dans tous les sens, tout azimut, comme le ferait un enfant…) sur la chanson numéro 7 de l’album Lambarena (Bach to Africa), au bout d’un moment le corps prenait le relais – un peu comme en transe mais sans perdre conscience- sans que je n’ai plus besoin de m’agiter dans tous les sens. Cela pour dire que si le lâcher-prise vous intéresse, autorisez-vous tout. Ne bridez rien, lâchez !

   Par la suite tous ces « trucs » sont bon pour la poubelle, après deux trois fois il n’y a en a plus besoin : le corps a compris. C’est à lui de jouer, et il sait comment s’y prendre. C’est comme un clebs qui vit en intérieur : quand vous lui dites « promenade » il n’y a pas besoin de lui répéter mille fois, il sait de quoi il en retourne…

    Voilà, maintenant, à vous de jouer !!... ou pas! Comme il vous plaira ;) 

 

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